Pour un moratoire sur les zones vulnérables

La FRSEA et la FDSEA de l’Aube ont participé au congrès de la FNSEA à Besançon, les 28, 29 et 30 mars. L’occasion pour la section régionale de revenir sur les causes de décapitalisation du troupeau allaitant.

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Devant le soixante-seizième congrès de la FNSEA, qui se tenait du 28 au 30 mars à Besançon (lire aussi page 8), le secrétaire général de la FRSEA, Philippe Clément a considéré que la nouvelle délimitation des zones vulnérables englobait bon nombre de territoires du Grand Est à vocation élevage. « Elle remet en cause la viabilité de nos systèmes, pourtant souvent vantés de vertueux » déplore-t-il. Le responsable régional analyse les causes de la décapitalisation du troupeau allaitant. « Des prix qui depuis 30 ans n’ont pas évolué. Même si nous saluons le travail engagé par les Etats Généraux de l’Alimentation, les hausses arrivent trop tard. Dans le contexte actuel inédit, nous demandons la reprise immédiate des négociations commerciales afin de limiter la casse ».

Trop tôt
Autre explication de la baisse du cheptel, « la montée en puissance des charges et de la réglementation, un coût de l’alimentation animale qui ne cesse de croître et une surenchère dans la segmentation de nos produits ». Philippe Clément multiplie les exemples, l’alimentation non OGM, beaucoup plus chère et bientôt introuvable, l’agriculture biologique en crise, des coûts de construction qui flambent faussant les PCAE. « Nous exigeons un moratoire et un report de l’application de la réglementation zones vulnérables. Il est inconcevable, alors que nous avons à faire face à des charges quotidiennes exponentielles, d’envisager construire ou réaliser des investissements non productifs et hors de prix ». Le syndicaliste réaffirme que la production agricole ne peut être considérée comme responsable à 100 % de la présence de nitrate dans l’eau. « Le moratoire que nous demandons s’inscrit pleinement dans la stratégie de souveraineté alimentaire défendue depuis longtemps. Nous pourrions dire, au regard de la situation actuelle, que nous avons eu raison trop tôt ». Bon nombre de contraintes pèsent également sur les productions végétales : les zones vulnérables, les zones de non-traitement, le plan pollinisateur et les mesures de la qualité de l’air. « C’est bel et bien dans l’accompagnement au travers d’investissements productifs que nous retrouverons de la compétitivité » insiste Philippe Clément.

Les nuisances du castor
S’il salue le travail engagé sur la réforme des outils de gestion des risques, il alerte cependant pour que l’herbe n’en soit pas le parent pauvre. Il pose ensuite la responsabilité de l’Etat et des collectivités territoriales face au manque d’entretien des cours d’eau, sous couvert d’une réglementation de plus en plus stricte. La Frsea Grand Est appelle la FNSEA à solliciter une étude sur les nuisances du castor afin de le faire reconnaître en animal nuisible et non plus protégé. Le syndicalisme du Grand Est s’est mobilisé en 20212, en relation avec le Conseil régional et l’administration, « pour porter haut la défense des paysans, quelle que soit leur production ». L’arboriculture, le maraîchage, et aussi la viticulture auront été au centre des préoccupations après l’épisode de forte gelée. Enfin, Philippe Clément conclut sur sa volonté de porter le projet agricole autour de plusieurs axes : l’alimentation, l’énergie, la lutte contre le changement climatique et la transition agro écologique. « Ceci ne pourra se faire sans recherche et innovations. La transmission de nos exploitations à travers l’installation est l’axe fondamental, avec la rémunération et la reconnaissance de notre métier ».