Le gouvernement a mis en ligne, le 4 janvier, la consultation publique concernant les conditions d’utilisation des néonicotinoïdes. Les syndicats considèrent que les restrictions proposées sont « à risques ».
Après une campagne betteravière 2020 désastreuse en terme de rendement, « couplée d’un travail collectif exemplaire de pédagogie en faveur du retour des NNI » selon les propos du syndicat betteravier, la loi permettant d’utiliser des semences de betteraves enrobées avec des néonicotinoïdes entre 2021 et 2023 a été promulguée le 15 décembre 2020, à la suite de l’avis conforme rendu par le Conseil constitutionnel le 10 décembre dernier. L’entrée en vigueur de la dérogation pour les semis 2021 sera toutefois matérialisée par la publication d’un arrêté autorisant l’utilisation de semences de betteraves enrobées pour 2021 et précisant leurs conditions d’utilisation ainsi que les contraintes associées. Dans cette optique, un projet d’arrêté a été mis en ligne le 4 janvier par le Ministère de l’agriculture et fait l’objet d’une consultation publique jusqu’au 25 janvier prochain.
La CGB et la FNSEA considèrent que les restrictions précisées dans le décret d’application sont « à risques » et incitent tous les agriculteurs à répondre à la consultation publique.
© Florent Roth et Benoit Yot
Les risques identifiés par les syndicats si le décret passe en l’état
- – Se passer de semences de betteraves traitées aux néonicotinoïdes (NNI) avec un risque sanitaire majeur sur les rendements betteraviers ?
- – Réduire les surfaces betteravières ; ce qui irait à l’encontre de l’objectif du renforcement de la filière par le maintien des surfaces betteravières, de la pérennité du tissu industriel français (21 usines, 90.000 emplois directs, indirects et induits), de la compétitivité de nos groupes coopératifs et des revenus betteraviers ?
- – Imposer des modifications dans les rotations des cultures sur les exploitations, au détriment :
- – de la diversité des cultures et des bonnes pratiques agronomiques: la simplification des assolements induite par ces contraintes est agronomiquement contre-productive, puisqu’elle revient à démultiplier la place des céréales (cultures et intercultures) dans la rotation
- – des autres filières par la réduction de leurs surfaces
- – du revenu des exploitants lié à un appauvrissement des assolements et au risque de déstabilisation de certains marchés devenus trop chargés en production
- – du bol alimentaire pour les pollinisateurs avec une baisse potentielle des surfaces de cultures mellifères, repoussées 3 ans après des betteraves, pour une floraison qui interviendrait alors 4 ans après !
- – et dans certains cas des objectifs du plan protéines et du bilan carbone des exploitations avec un impact sur les cultures de légumineuses !