La FDSEA de l’Aube, via son service Optim’Projet, accompagne le développement de la filière apiculture et la biodiversité dans le département. Un moyen aussi de créer des liens entre apiculteurs et agriculteurs.
Cela pourrait s’appeler « Optim’Projet, phase 2 ». Le nouveau service de la FDSEA, mis en place il y a tout juste un an pour accompagner les exploitants agricoles dans le développement de projets créateurs de plus-value, ouvre en cette fin d’année un second chapitre. Après le photovoltaïque, place à l’apiculture et à la biodiversité. Le syndicat majoritaire agricole envisage notamment de développer une filière apicole dans l’Aube. Bien que souvent opposées dans les médias, l’apiculture et l’agriculture sont des activités complémentaires. L’agriculture est une source de biodiversité nécessaire aux abeilles. Ces abeilles qui ont de plus en plus de mal à faire des réserves de nourriture pour passer la saison d’hivernage du fait des variations climatiques. Et les consommateurs sont de plus en plus en recherche de miel de provenance française, voire locale.
Se professionnaliser
Face à ce constat et aux besoins exprimés par plusieurs adhérents aubois, la FDSEA souhaite créer un collectif autour de cette thématique. « A l’image de ce qui est fait depuis un an dans l’installation de photovoltaïque sur bâtiments agricoles de manière mutualisée, détaille Jérôme Schmit, chargé de mission économique et développement à la FDSEA, nous souhaitons accompagner ceux qui le veulent dans l’installation de ruches ou l’achat de semences pour favoriser la biodiversité. » Une première réunion le 9 décembre a mis en exergue le fait que plusieurs agriculteurs s’intéressaient, et de très près, à l’apiculture. Sébastien Chambrillon, agriculteur à Avon-la-Pèze est de ceux-là. « Nous nous sommes lancés cette année avec ma femme en amateurs ; nous avons installé sept ruches dans un petit bois près de mes parcelles mais on aimerait aller plus loin dans la démarche. » Avec pourquoi pas, l’idée de professionnaliser cette activité. Frédéric Choiselat, qui assistait lui aussi à la réunion à distance, intègre déjà la biodiversité dans ses pratiques culturales. Finies les charrues, l’exploitant, membre du groupe innovant Agriculture de conservation des sols voit dans l’installation de ruches, une occasion de communiquer de manière positive autour de l’agriculture et des abeilles. « Pendant la jaunisse de la betterave, on a eu des attaques en règle de la part des apiculteurs. J’aimerais me lancer dans la production de miel à titre privé et le projet porté par la FDSEA pourrait nous aider à ne plus opposer systématiquement apiculture et agriculture. »
Formation et achats groupés
Si la biodiversité fait son chemin côté agriculteurs, les organismes coopérateurs ne sont pas en reste. Capdéa indemnise déjà la perte de rendements pour ceux qui laissent des bandes non fauchées, source de refuge pour la faune et d’alimentation pour les abeilles. Cristal Union prend à son compte l’achat de semences pour l’installation de ces bandes fleuries… L’idée bourgeonne dans de nombreux esprits. La FDSEA veut fédérer et accompagner cette dynamique. « Ce qui est intéressant, poursuit Jérôme Schmit, c’est que cela touche toutes les zones du département. Il y a des demandes sur les fourrières, les bouts de champ. Avec les ZNT (Zones de Non-Traitement, NDLR) le long des habitations, tout le monde réfléchit à des alternatives. » Pour encourager le déploiement de cette filière, la FDSEA veut mettre en place une initiation à l’apiculture dès le mois de janvier avant une formation dans un rucher école au printemps prochain. Le syndicat pourrait ensuite accompagner les nouveaux apiculteurs dans l’achat groupé de ruches. Avant un début de production dès l’été prochain.
© Emeline DURAND avec Romain TARGY, Chargé de projet FDSEA
« Construire une cohésion de territoire »
Référent FDSEA sur le projet, Thomas Perin, agriculteur apiculteur à Bar-sur-Seine, produit ,depuis quatre ans du miel grâce à ses cinquante ruches. Une activité « plaisir », dit-il, qui lui permet de « s’évader du quotidien », mais qu’il a aujourd’hui totalement intégrée dans sa pratique culturale. Et il est heureux de constater qu’il existe dans l’Aube une vraie attente sur les abeilles comme sur la biodiversité. « Des paysans se rendent compte qu’avec le modèle agricole d’aujourd’hui, on fait face à des impasses techniques ; il faut ramener les brise-vents, de nouvelles cultures qui poussent à réfléchir et à penser son métier autrement. Des agriculteurs ont envie d’aller vers la biodiversité, mais ils ne savent pas toujours comment bien faire : quelles fleurs planter ? A quel moment de l’année ? » Le projet de la FDSEA doit d’abord, selon Thomas Perin, centraliser l’ensemble de ces informations et les retransmettre aux agriculteurs. Il existe déjà des initiatives, de la part d’organismes coopérateurs, de la fédération de chasse, d’agriculteurs qui mettent en place des choses dans leur champ. Mais pour le référent FDSEA, « il manque une cohésion à l’échelle d’un territoire. On ne veut pas seulement planter des bandes de fleurs. Il faut penser à l’impact que cela peut avoir. Tout le monde a besoin de la nature, l’apiculteur, l’agriculteur, le chasseur. L’effet de groupe doit permettre d’aller plus vite. Cela peut paraître utopique de penser haies, bandes de fleurs, mais demain, avec la Pac, on y sera obligé. Nous devons réfléchir ensemble. C’est l’objectif de ce projet ».
E.D.