Faire fleurir des bandes intra-parcellaires

Des agriculteurs aubois ont lancé une campagne de financement participatif pour développer la biodiversité au coeur de leurs parcelles. Avec, derrière la logique environnementale, une opportunité de communiquer sur leur métier.

Fabien Ledhuy a semé l’an dernier une bande de graminées et fleurs sauvages dans une parcelle de 22 hectares. © E. DURAND

Ils sont 21 et portent la même ambition : semer, dans leurs champs, des bandes intra- parcellaires afin de favoriser la présence d’auxiliaires et la biodiversité. Les 21 agriculteurs innovants du Groupement d’Intérêt Ecologique et Economique des Deux Champagnes (GIEE), ont lancé une campagne de crowdfunding sur internet pour les aider à financer l’achat de ces bandes. Fabien Ledhuy, agriculteur en grandes cultures et élevage à Ortillon, s’est lancé il y a un an, avec un autre agriculteur. « J’avais une parcelle de 22 hectares dans laquelle il me restait une bande de trois mètres. Resemer pour repasser le pulvé sur un kilomètre de long, ça me semblait absurde. J’ai dit stop et j’ai demandé à la Chambre d’agriculture ce qu’on pouvait mettre à a la place ». L’agriculteur décide de semer en septembre 2019 sur 37 ares de sa parcelle, des graminées et des fleurs sauvages annuelles, bi-annuelles et vivaces « ce qui permet d’avoir des bandes qui vivront minimum sept ans sans avoir besoin de resemer, le seul besoin d’entretien étant le fauchage une à deux fois par an pour éviter la prolifération », souligne Fabien Ledhuy. L’objectif est que ces bandes soient utiles à une faune très diversifiée et ce tout au long de l’année. Une initiative « à pertes » reconnaît l’éleveur : « on est sur une semence qui sème à 25 kilos l’hectare pour un coût de 22 à 25 euros ». Soit pour la bande d’Ortillon, environ 250 euros. Un coût non négligeable admet l’exploitant pour une semence qui ne lui rapportera rien à court terme. Elle est pourtant légitime pour lui. Fabien Ledhuy, qui fait partie du GIEE pour justement chercher de nouvelles solutions afin de conserver la vie de ses sols et la biodiversité, se sent concerné par la question. « Je travaille depuis 2003 avec la Scara en Agri Confiance puis en Agri Confiance volet vert. Nous faisons du blé avec une obligation d’implanter des bandes mellifères, et du blé Label Rouge. » Et l’exploitation est certifiée Haute Valeur Environnementale (HVE) depuis l’an dernier.

Outil de communication positive
Le financement participatif doit permettre de développer le concept à d’autres parcelles et à d’autres exploitants. « En tour de plaine, on a présenté la bande aux GIEE. Il y a des agriculteurs que cela intéressait et nous, on avait envie d’en intéresser d’autres, assure Fabien Ledhuy. Le plus gros frein restant le coût, la Chambre d’agriculture nous a suggéré de lancer une campagne de financement participatif pour financer l’achat de ces semences ». L’idée est d’avoir une cagnotte suffisante pour intéresser des agriculteurs du GIEE, dans un premier temps. « Si la cagnotte fonctionne bien, on pourrait l’ouvrir à tous les agriculteurs des GDA du département ». L’exploitant voit aussi dans ce crowdfunding, un autre avantage : celui de communiquer de manière positive et directe, à un public plus large, sur le métier d’agriculteur. Et de les faire « participer », via ce type de financement, à la création de bandes fleuries sur les terres agricoles. La campagne, lancée en novembre, doit s’achever le 14 décembre. Les agriculteurs espèrent implanter entre 10 à 40 kilomètres de ces bandes dans tout le département.
© EMELINE DURAND