Autorisés mais très rigoureusement encadrés pendant le confinement, les prélèvements de gibier, moins importants en raison d’un nombre moindre, de chasseurs, inquiètent. Bruno Baudoux, directeur de la Fédération Départementale de la Chasse de l’Aube, craint aussi les conséquences de l’interdiction d’agrainage.
Quel tableau dressez-vous de la chasse actuellement dans le département ?
Malgré l’autorisation pendant le confinement, beaucoup de chasseurs ne sont pas repartis à la chasse. Certains par peur du Covid, d’autres parce que se déplacer seulement sur une demi-journée, ce n’est pas toujours simple en organisation. Dans les plus gros territoires de chasse, les équipes ne sont pas complètes. Et encore, la météo est relativement clémente. Car avec les accès aux cabanes fermés, si elle se dégrade, les gens seront tentés de rester chez eux. La problématique principale reste l’interdiction de l’agrainage. Si on ne peut pas y aller, les animaux deviennent nomades et donc plus difficiles à chasser.
Avec quelles conséquences sur les prélèvements notamment ?
On sait déjà que le niveau de prélèvement du sanglier sera moindre que l’année dernière, c’est évident, on est déjà en retard par rapport à l’an dernier. D’habitude, en octobre-début novembre, on est sur des équipes de chasse qui sont en train de se réamorcer et de repartir pour entrer en efficacité vers fin novembre. Aujourd’hui, les équipes on manque d’effectif. Si le confinement se poursuit, ce sera encore pire.
Les dégâts de gibiers représentent un enjeu important, avec un budget aux alentours de 400 000 euros sur le département. Mon inquiétude, c’est que le montant du dégât de gibier sur le secteur du Barrois. La clôture des dégâts de gibiers sur la récolte 2020 est au même niveau que l’année dernière puisqu’on n’a pas pu chasser au mois de mars. On ne peut pas faire n’importe quoi. Cela peut mettre la structure en fragilité, voire l’embauche de personnes. Si on veut maintenir une activité agricole compétitive sans avoir recours à l’exportation, il faut prendre garde à nos filières. Des dégâts de gibiers qui s’installent, vont appauvrir notre approvisionnement en céréales et autres et comme le besoin est relativement linéaire, on va aller chercher dans un autre pays. On aimerait contenir les déplacements de sangliers donc retrouver un peu d’agrainage pour faciliter les prélèvements.
Au-delà des prélèvements, l’absence de convivialité pose aussi un problème…
Avant de prélever du gibier, la chasse est d’abord un moment de convivialité, c’est une occasion de se rencontrer, en famille. C’est un lien social très important dans nos campagnes. Là où dans les villages les clubs de foot ont disparu, la chasse perdure. Cette essence même de rencontre n’existe plus pendant le confinement. Dans certains territoires de chasse, des lignes de chasse ne se croisent pas. Les parkings sont différents, tout est fait pour cloisonner les équipes, dans le respect des règles du confinement, c’est une vision très froide de l’activité de chasse. Pour l’instant on ne sait rien. On aimerait contenir les déplacements de sangliers donc retrouver un peu d’agrainage pour faciliter les prélèvements.
© Propos recueillis par Emeline Durand
Dégâts de cultures, mode d’emploi
En cas de dégâts de gibiers dans les cultures, la FDSEA de l’Aube recommande les trois points suivants : faire une déclaration dès la parution des premiers dégâts, même s’ils ne sont pas importants, envoyer la déclaration rapidement à la Fédération des chasseurs ainsi qu’un double de votre déclaration à la FDSEA. Grâce à cette rigueur, la FDSEA pourra être informée plus rapidement et être plus réactive en cas de difficultés sur les exploitations.
Contact : jerome.schmit@fdsea10.fr