Cerfrance, acteur majeur de l’accompagnement des agriculteurs et viticulteurs, lance deux pistes très concrètes pour aider les exploitations agricoles à passer la crise : le financement participatif et un appui très marqué à la certification Haute Valeur Environnementale (HVE).
C’est une petite révolution dans le milieu agricole. Mais pour le réseau associatif de conseil et d’expertise comptable Cerfrance, c’est sans doute l’un des seuls moyens pour sauver les exploitations. Afin d’aider les entreprises à survivre et à plus longue échéance, à poursuivre leur développement, l’organisme envisage de proposer à ses adhérents agriculteurs, du financement participatif.
La fin d’un modèle
« Le secteur agricole se complexifie, observe Philippe Champignolle, président de Cerfrance Aube. Les résultats économiques deviennent inquiétants y compris en plaine d’Arcis, secteur pourtant avantagé. On rencontre des problèmes de capitalisation, des baisses de fonds propres. » Selon le céréalier aubois, le montage classique ne tient plus. « On arrive à la fin d’un modèle, appuie Yannick Fassaert, président délégué du groupe Cerfrance Nord Est Ile-de-France (CNEIDF). Le financement traditionnel des banques, avec un capital à rembourser chaque mois ne peut plus être la seule solution. A nous d’en inventer de nouvelles. C’est d’autant plus important que des structures aujourd’hui sont difficilement viables alors qu’elles ont tout ce qu’il faut pour l’être demain. Il faut les encourager à se développer, pour maintenir des activités et des emplois. »
La structure auboise a réfléchi très concrètement à un nouveau mode d’accompagnement : le financement participatif via des obligations ou des titres associatifs. Il s’agit de titres, achetées par des entreprises, des collectivités, des particuliers, des banques aussi, et qui seraient rémunérés à 2%. Une alternative que le gérant de la ferme pédagogique de Méry-sur-Seine connaît bien puisqu’il a lui-même lancé à la fin du (premier) confinement un appel aux dons.
Cet outil de collecte de fonds se démocratise ces dernières années, dans certains secteurs d’activité. Mais pour la profession agricole, elle suppose un changement de paradigme sans précédent. « Il est vrai, reconnaît Philippe Champignolle, que ce type de financement innovant peut rencontrer des réticences mais nous devons travailler avec tous les partenaires, conseil régional, conseil départemental, caisse des dépôts, collectivités pour que ça marche. Il ne faut exclure aucune piste. » Pour que cela marche, admet aussi le président aubois, les exploitants agricoles doivent également « se mettre en veille quant à ses nouvelles alternatives et prendre conscience qu’il va falloir aller chercher des capitaux ailleurs que dans le circuit qu’ils ont jusque-là connu ».
Cerfrance prépare déjà en interne, ses équipes en interne à ce changement tout comme il investit dans les compétences pour accompagner d’autres innovations. C’est le cas pour le conseil à la diversification par le biais des nouvelles énergies, méthanisation notamment (une web conférence s’est déroulée le 5 novembre sur le sujet). « Management de groupe, prévisionnel, financement, successions, on est désormais capable d’accompagner ces projets de A à Z », certifie Philippe Champignolle.
Produire de plus en plus propre
L’organisme aubois souhaite aussi développer une autre solution pour accompagner la résilience et permettre aux exploitations agricoles de se pérenniser : gagner de la plus-value en allant chercher une certification Haute Valeur Environnementale (HVE). « Dans un contexte de pression sociétale, les collecteurs vont chercher de plus en plus à valoriser leurs céréales sur les différents marchés. Vivescia vient d’annoncer une prime d’un euro la tonne sur la collecte pour ceux qui sont certifiés HVE, ce qui en moyenne correspond aux frais d’audit. Et les agriculteurs ont compris qu’il fallait produire de plus en plus propre », analyse Philippe Champignolle. Cerfrance souhaite accompagner ce déploiement « complexe » en HVE 2. « Si on met tout le monde d’accord et que l’on travaille en collaboration avec les coopératives, on est en capacité d’aller jusqu’à la HVE 3, voire le bio. Celui qui ne le fera pas, demain, verra ses produits dévalorisés », assure le président.
Cerfrance n’en n’est pour l’instant qu’au début de sa réflexion : mais le réseau est sûr d’une chose : « aujourd’hui, avec la recherche, le numérique, la robotisation, d’ici quatre à cinq ans, l’agriculture sera complètement transformée. » Un message qui devrait être largement diffusé au cours des prochaines réunions de conjoncture dans le département.
© Emeline Durand
Réunions de conjoncture
Confinement oblige, les prochaines réunions de conjoncture de Cerfrance se tiendront par visioconférence :
Le 19 novembre à 10 heures pour le Barrois et la Haute-Marne
Le 9 décembre, à 17 heures, pour le reste du département de l’Aube
Début 2021 pour les vignerons (date à préciser)