Pommes de terre : diminuez vos surfaces

C’est le message martelé par l’Union Nationale des Producteurs de pommes de terre (UNPT). Dans un communiqué, l’association recommande de réduire de 15% ses surfaces pour les emblavements 2021 et de privilégier des cultures d’hiver et du blé.

Le confinement a stoppé net la consommation industrielle en restauration collective et restaurants. Et si l’activité a repris, elle ne devrait pas retrouver son niveau d’avant crise avant plusieurs mois (Photo d’archives).

C’est l’une des conséquences directes de la crise sanitaire mondiale. Le Covid-19 a modifié profondément les différents marchés pommes de terre et par effet de ricochet, les paramètres des campagnes 2019/2020 et 2020/2021, selon l’UNPT. Le confinement avait en effet stoppé net la consommation industrielle en restauration collective et restaurants. Pour la campagne actuelle, l’activité industrielle a repris, mais à un rythme de 85% en moyenne. D’après l’UNPT, elle ne devrait pas retrouver son niveau d’avant crise avant plusieurs mois. Les surfaces en contrat 2021/2022 sont ainsi attendues à la baisse. Car, explique l’association, 1% de production en plus au-delà du niveau de la demande génère une baisse de valorisation pour le producteur de moins 7% (étude UNPT/IDARI, 2018).

Equilibre fragile sur le frais

Le marché du frais se comporte d’une toute autre manière : « la crise a constitué une relance en termes de consommation des ménages », observe Thierry Foy, producteur de pommes de terre à Mailly le-Camp, président de Top Pommes de Terres à Arcis-sur-Aube, administrateur à l’UNPT et au CNIPT. Mais il n’en n’est pas plus stable et selon l’UNPT, « il n’existe aucun élément qui appellerait à une augmentation des surfaces en 2021. L’équilibre reste fragile et doit être préservé ». Quant à la filière fécule, elle est à ce jour, toujours à la recherche de surfaces pour 2021 et dispose de contrat et de plant, dans la mesure des besoins du marché.
A l’heure où les réflexions concernant les emblavements, notamment celles des cultures d’automne, sont d’actualité, l’UNPT recommande aux producteurs de ne retenir que les débouchés rémunérateurs, de baisser leurs emblavements 2021 en pommes de terre de consommation et de consolider leur surface en céréales ou en pommes de terre féculières. L’incertitude concernant le retour de la demande en pommes de terre industrie et l’ajustement du niveau de l’offre sont en effet les deux principaux paramètres pour les producteurs. Dans ce cadre, il leur revient donc de bien évaluer leur risque de production et d’analyser précisément les coûts (souvent en hausse) associés.

© Emeline Durand (avec communiqué)

 

Rendements très compliqués en Champagne

Il est encore un peu tôt pour l’affirmer car la campagne n’est pas encore terminée dans la région et les pluies les derniers jours ont retardé l’avancée de la récolte. Mais en Champagne, sans surprise, l’année 2020 s’annonce compliquée pour les producteurs de pommes de terre. En cause, « la sécheresse extrême » qui empêche de « sortir de la bonne qualité », détaille Thierry Foy. Le manque d’eau entraîne des rendements très hétérogènes sur les 11 000 hectares de la région comme sur l’ensemble des surfaces pommes de terre en France. Le tout dans un marché français « amorphe : aujourd’hui c’est promo sur promo donc le marché français est plutôt déstabilisé », complète Thierry Foy. Aujourd’hui on a un marché dynamique à l’export mais en fonction des qualités. Il y a aujourd’hui deux marchés : la belle qualité, où se fait aujourd’hui la demande, et la qualité intermédiaire, qui est décevant.