Cuvette jaune versus piège connecté

Altises, charançons, méligèthes … ils sont nombreux les insectes ravageurs du colza. Leur observation est parfois délicate. Même si plusieurs solutions sont proposées sur le marché avec des technologies plus ou moins élaborées, les pièges restent des outils d’alerte de présence du ravageur et en aucun une substitution à l’observation des attaques sur les plantes.

Les pièges connectés e-Gleek de la société Advansee sont testés par le réseau Fermes Leader. Sur la photo : Julien Baduraux, Céréalier en Meurthe-et-Moselle (54), Adriane Schneider et Myriam Hijji, chargées de projets chez Fermes Leader. © FERMES LEADER

Porté par le groupe InVivo, le réseau Fermes Leader, est une plateforme d’accompagnement à la transition numérique des agriculteurs. Il travaille depuis plus de deux ans sur les pièges connectés à insectes. Les agriculteurs membres du réseau testent les pièges et les évaluent à l’aide d’une grille co-conçue avec les Digifermes d’Arvalis permettant la restitution des résultats au sein du réseau et la labellisation de l’outil. « Ce printemps, nous avons suivi l’évolution des méligèthes et des charançons de la tige sur le colza, explique Adriane Schneider, chargée de projet chez Fermes Leader. Le principe de base du fonctionnement du piège connecté est simple. Une caméra est disposée au-dessus d’une cuvette jaune. Par intelligence artificielle, elle est capable de compter et de reconnaître les insectes volants piégés dans le bol. Ces pièges numériques, pas encore fiables à 100 %, ne remplacent pas les observations sur le terrain mais ils envoient des alertes plus rapides permettant davantage de réactivité. »

Les pièges connectés encore à l’essai

« Il existe de nombreux pièges connectés pour piéger les insectes, notamment les papillons, affirme Céline Robert, chargée d’études ravageurs des cultures et faune auxiliaire chez Terres Inovia. Les pièges développés actuellement sont mal adaptés aux coléoptères ravageurs du colza car se sont des insectes qui présentent des modes de déplacements différents. Nous continuons les tests avec divers modèles en attendant d’obtenir des résultats probants. » Le suivi des pièges connectés demande de la rigueur. Une mauvaise orientation de l’angle de prise de vue peut rendre la reconnaissance de l’insecte plus difficile. Une vérification régulière du matériel est primordiale pour la fiabilité des données. Adriane Schneider souligne que « ces technologies ne sont pas complètement abouties, des améliorations restent encore à apporter. »

A ce jour, les pièges connectés sont capables d’identifier une quinzaine d’insectes différents sur diverses cultures grâce à des algorithmes très élaborés. Les coopératives s’intéressent de plus en plus à ces nouvelles technologies. Utilisées à grande échelle, elles permettront de limiter le coût d’investissement et de fournir un maillage d’alertes plus conséquent.

La cuvette jaune : efficace et pas chère !

La cuvette jaune, de par sa couleur, attire la plupart des ravageurs du colza hormis la grosse altise qui se trouve piégée par hasard suite à son déplacement par saut. Il est préférable de positionner deux cuvettes jaunes à l’intérieur de la parcelle, à dix mètres du bord du champ. Elles doivent être enterrées pour piéger efficacement les altises d’hiver et à hauteur de végétation pour les charançons du bourgeon terminal. « Avant toute intervention, il est indispensable d’observer sa parcelle afin d’identifier le stade de la culture, les morsures et infestations sur plantes et l’état sanitaire global de la parcelle. La consultation du BSV, dont le nombre de cuvettes reparties par secteur est plus significatif, conditionnent également la prise de décision. » La cuvette jaune, même si son fonctionnement est plus rudimentaire que les pièges connectés, conserve tout son intérêt.

© Julie GUICHON