Installée depuis trois ans à Fontenay-de-Bossery, Marie-Laure Savouré s’est diversifiée dans des cultures originales qu’elle commercialise en circuit court. Le quinoa, la lentille beluga, le lin et le pois chiche ont enrichit sa gamme de production de graines au fil du temps.
« Avant de m’installer, je voulais apporter quelque chose de nouveau sur l’exploitation, explique Marie-Laure Savouré, agricultrice et ancienne ingénieur en recherche et développement en agriculture chez Arvalis puis Agrotransfert. Je me suis intéressée à la production de graines pour l’alimentation humaine avec une commercialisation en circuit court ou en vente directe. J’ai choisi de démarrer ma diversification avec le quinoa. C’est une production peu cultivée dans notre région, originale et aux qualités nutritives intéressantes. Produire ce type de graines reste assez marginal, avec des filières pas toujours existantes, ce qui nécessite de créer soi-même son circuit de distribution. »
L’expérience comme moyen de progression
Pendant quatre années, l’agricultrice a testé différentes espèces en micro parcelles pour étudier leur cycle de développement et leur adaptation au contexte pédoclimatique de l’exploitation. « J’ai testé huit espèces et douze variétés de quinoa avant d’en sélectionner une qui soit suffisamment grosse, blanche et peu amère pour satisfaire notre clientèle. »
En France, le quinoa est surtout cultivé en Anjou. La coopérative des Pays de la Loire CAPL, en partenariat avec le sélectionneur Abbottagra, accompagnent les producteurs. « Abottagra m’a aidé sur les connaissances physiologiques du quinoa. C’est une plante sensible au climat. Un printemps très chaud et sec au moment de la floraison bloque son murissement. Un excès d’humidité lors de la maturité du grain le fait noircir et accélère sa germination. Je n’ai rien récolté en 2017 à cause de ces aléas ! » Marie-Laure effectue elle-même le suivi technique de ses cultures. « Je fais évoluer mes pratiques par l’expérience. J’ai choisi de semer le quinoa avec le semoir à betteraves et pas avec le semoir à céréales comme le font les producteurs en Anjou. Ce semis écarté me permet de pouvoir biner pour détruire les flores principales que sont les chénopodes et les renouées liseron. J’effectue deux binages et du désherbage manuel. La gestion du désherbage est la partie la plus difficile à gérer. Autant que possible, j’évite les rotations avec les betteraves car les problématiques d’enherbement sont les mêmes et je privilégie le quinoa sur des parcelles propres. » Sur son exploitation, Marie-Laure produit le quinoa sans certification en agriculture biologique. Pour autant, elle cultive les plantes à graines sans produits phytos, les maladies et les ravageurs causant des pertes acceptables, mais aussi parce que la réduction d’intrants fait partie de sa philosophie de travail.
Ne pas sous-estimer les activités annexes à la production
La commercialisation en vente directe ou en circuit court est une activité contraignante et à part entière. Il faut fournir suffisamment de marchandises tous les ans. Pour pallier à ce problème, Marie-Laure prévoit deux années de stock de graines. Elle a aussi choisi de diversifier ses points de vente. « Je travaille avec des magasins collectifs ou à la ferme, des épiceries fines et des boutiques de produits locaux. Je fais également quelques marchés. Cette diversification du réseau de distribution permet un équilibre des ventes. »
La production de quinoa n’a pas engendré d’investissements conséquents. « J’ai simplement financé un local pour stocker et mettre en sachet les graines. Les charges directes sont peu élevées. Ce qui me coûte le plus, c’est le temps passé sur la culture. Le désherbage manuel, le triage, le séchage, le stockage, l’ensachage et la commercialisation mais aussi le suivi des ventes et les enregistrements comptables sont des postes chronophages à ne pas sous-estimer ! »
© Julie GUICHON
Fiche technique du quinoa produit par l’EARL
- Famille des chénopodiacées
- 0,80 à 2 m de hauteur
- Chaque tête produit des graines consommables
- Semis : de fin mars à début avril
- Densité de semis : 7 kg/ha
- Fertilisation azotée : 120 à 130 unités/ha
- Pas d’herbicide, insecticide ou fongicide
- Récolte : à partir du 15 juillet jusqu’à la fin août selon les variétés
- Rendement : de 0 à 20 q/ha avec une moyenne plutôt située entre 10 et 12 q/ha
- Prix de vente à la ferme : 8 à 10 €/kg selon les conditionnements