Directement impactée par le confinement et les décisions qui en ont découlées, la filière champagne en appelle aux pouvoirs publics, au cœur d’une vendange marquée par le réchauffement climatique et une baisse drastique des rendements.
Les rangs étaient un peu plus clairsemés que d’ordinaire ce 24 août dans la Côte des Bar. Et pour cause : la traditionnelle tournée des vendanges organisée par le Syndicat Général des Vignerons avec les acteurs de la filière et les élus locaux s’est rarement déroulée à pareille date. Débutée mi-août, avec une bonne quinzaine de jours d’avance sur le calendrier habituel, ces vendanges prématurées laissent déjà un goût d’amertume aux représentants syndicats. Et ils l’ont fait savoir au Préfet du département, Stéphane Rouvé et aux députés présents.
Il faut reconnaître le caractère inédit de cette année 2020, « marquée par des mesures exceptionnelle en terme d’organisation au regard du contexte mais aussi par une baisse drastique des ventes de champagne à 8 000 kilos par hectare», rappelle Joël Falmet, vice-président Aube du SGV. Une décision qui d’ici un ou deux ans, risque d’impacter financièrement les exploitations viticoles. Le SGV demande donc un allègement de la fiscalité des stocks dont les volumes ont augmenté avec le ralentissement des ventes de champagne.
Variétés résistantes
Les représentants syndicaux ont également insisté sur les enjeux d’une filière qui fait face à un triple changement : sociétal, climatique et économique. « La vigne doit s’adapter à la demande sociétale qui réclame traçabilité et zéro pesticide. Nous souhaitons que la démarche VDC (Viticulture Durable en Champagne, NDLR) soit opérationnelle sur 100% des exploitations d’ici 2030, a illustré Bruno Duron, ingénieur au Comité Champagne. Cette ambition doit aujourd’hui être accompagnée par les pouvoirs publics, par exemple en instaurant une aide à la certification ». Le SGV souhaite aussi l’inscription de nouvelles variétés résistantes au catalogue français. Expérimentées depuis plusieurs années, notamment à Essoyes, elles apporteraient une réponse dans les Zones de Non Traitement instaurées près des habitations. Derrière l’objectif environnemental c’est aussi la question de l’adaptation climatique qui est en jeu. L’année 2020 en est une parfaite illustration.
Dernier enjeu et non des moindres : assurer la pérennité des exploitations champenoises en maintenant la régulation des plantations au-delà de 2030. Le marché pourrait s’en trouver totalement déséquilibré. Le Gouvernement français y est favorable, la filière attend maintenant une concrétisation européenne. « On aimerait que la régulation soit inclue dans la prochaine PAC », soutient Joël Falmet, alors que les débats sur la réforme doivent s’achever d’ici la fin de l’année. © Emeline Durand
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