Face aux événements climatiques à répétition, la FDSEA demande à l’administration agricole française de s’adapter, elle aussi, avec agilité et réactivité. Sur les cultures intermédiaires, le syndicat demande de revoir le système des dates « fixes ».
Dans un courrier adressé au Préfet, la FDSEA de l’Aube demande à l’administration française de faire preuve d’adaptation face à la sécheresse de surface des sols. « Les sols sont pris en blocs sur les secteurs argileux. Les pâtures sont grillées. Les productions destinées à l’alimentation animale n’ont pas vu une goutte d’eau depuis des semaines et c’est une baisse brutale des rendements qui est attendue » explique le président du syndicat, Joel Hospital. Il précise aussi que le peu de pluie tombée par endroit n’endiguera pas le mal déjà fait.
Les professionnels de la FDSEA regrettent ainsi le manque de réactivité des instances ministérielles. « Depuis 2 ans, nous demandons la possibilité de récolter les jachères dès le mois de mai afin de reconstituer les stocks de fourrages ». Pour Joel Hospital, donner l’autorisation en août, bien qu’un mois plus tôt que l’année dernière, « ne sert plus à rien ». Effectivement depuis plusieurs semaines, les jachères sont grillées et donc inutilisables pour les éleveurs.
CIPAN nitrates et SIE : un premier pas
Début août, la FDSEA a demandé au préfet de l’Aube de déroger à l’obligation d’implanter des couverts en interculture au vu de ce contexte de sécheresse. Concernant les intercultures SIE, le ministère a communiqué le 12 août, la possibilité de décaler le semis jusqu’au 1er septembre (au lieu du 20 août pour l’Aube) avec une obligation de les maintenir jusqu’au 26 octobre inclus. Néanmoins, la direction départementale des territoires, dans un mail aux exploitants, précise que cette dérogation (à demander individuellement) décalera le versement d’une partie des aides PAC (le paiement vert) de 15 jours également… La FDSEA regrette fermement cette décision de décalage du versement anticipé des aides car, pour le syndicat, c’est justement la sécheresse qui impacte la trésorerie des exploitants.
Pour les CIPAN « directive nitrates », la Préfecture de l’Aube a répondu partiellement à la requête de la FDSEA en accordant la réduction de la durée minimale d’implantation à un mois au lieu de deux. « C’est un bon premier cliquet », se satisfait Joel Hospital « bien que j’aurai préféré que cette démarche soit généralisée et non individuelle ». Et d’ajouter : « mais j’insiste sur le fait quand sans pluviométrie conséquente, le semis sera inefficace ». La FDSEA demandera, d’ici fin août, la suppression totale de l’obligation de semis selon les conditions météorologiques.
Des dates fixes sont « une aberration agronomique »
Pour la FDSEA, fixer des dates obligatoires par département ou région est une « aberration agronomique ». Depuis 3 ans, la FDSEA a alerté les pouvoirs publics sur le caractère « irraisonné et irraisonnable », selon leurs propos, des mesures réglementaires SIE et CIPAN nitrates.
Joel Hospital : « Et pourtant rien ne bouge, nous subissons le changement climatique dans nos champs mais aucun enseignement n’est tiré par les décideurs politiques. Au nom de l’écologie dogmatique, nous devrions aller brûler du carburant et jeter l’argent de nos semences par la vitre du tracteur ? Est-il logique d’émettre du CO2 sans capter le moindre gramme de nitrates ? »
Le syndicat majoritaire aubois précise également qu’il ne demande pas la suppression des cultures intermédiaires. « Nous sommes les premiers à reconnaitre leur valeur agronomique, fourragère et écologique quand elles sont implantées dans de bonnes conditions », insiste le leader agricole. Et d’ajouter : « Si une pluviométrie suffisante permet le semis des couverts, les agriculteurs les sèmeront. D’une manière générale, chaque agriculteur doit pouvoir adapter les règles au contexte agro-pédo-climatique de son exploitation. C’est cela être agronome ! C’est cela être respectueux de la terre ! C’est cela concilier écologie et économie ! »
En conclusion du courrier adressé au Préfet, Joel Hospital indique ainsi qu’ « il n’y aura pas d’avenir agricole sans régler les problèmes du présent ».
Florent Roth