Les solutions de sortie de crise de l’APCA

L’Assemblée permanente des chambres d’Agriculture (APCA) a présenté, le 3 juin, deux documents concernant ses pistes de réflexion sur les mesures à mettre en place à court et moyen terme pour la sortie de crise et le redressement de l’agriculture française.

L’APCA demande de poursuivre la dynamique notamment « mettant un critère de proximité dans les appels d’offres public », en particulier pour les cantines scolaires. « Ce n’est pas demander la lune », insiste Sébastien Windsor, son président. ©G.PERRIN

« Pérenniser le changement de comportement des consommateurs pendant l’épisode du Covid-19 ». Tel pourrait être le fil rouge des deux documents (1) que Sébastien Windsor, président de l’Assemblée permanente des Chambres d’Agriculture (APCA), a présenté le 3 juin. Celui-ci a dressé un rapide bilan des conséquences économiques de la crise sanitaire sur le secteur agricole. Si de nombreuses filières ont été touchées, « il faut tirer les leçons » de cette pandémie, et l’APCA plaide pour une « réorganisation de la chaîne alimentaire ». Le fait que la restauration hors foyer (RHF) soit devenue inopérante, le consommateur s’est orienté vers d’autres circuits de distribution, notamment la vente directe et les grandes surfaces. Sébastien Windsor remarque notamment que les drive-fermiers ont augmenté leur chiffre d’affaires de 400 %, que les ventes directes ont connu une croissance appréciable. « Les grandes surfaces ont aussi joué le jeu en référençant des producteurs locaux en 48 heures et en permettant à d’autres de vendre leurs produits fermiers sur les parkings », a souligné le président de l’APCA.

Vigilance sur l’étiquetage

A court terme, l’institution consulaire souhaite que les exploitations économiquement impactées bénéficient, en particulier, « d’exonération ou de reports de charges, de possibilités d’étalement de la dette, d’aides à la compensation des pertes ». Elle demande aussi la relance de certains débouchés et de poursuivre la dynamique notamment « mettant un critère de proximité dans les appels d’offres public », en particulier pour les cantines scolaires. « Ce n’est pas demander la lune », insiste Sébastien Windsor. « Il faut aussi être vigilant sur l’étiquetage », ajoute Gilbert Guignand, président de la Chambre régionale d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes. Ce dernier entend éviter que certains produits étrangers ne deviennent français quand Sébastien Windsor pointe du doigt la RHF qui livre « à 70 % des poulets d’origine étrangère quand 98 % de la viande de poulet vendue en grande surface est d’origine française ». L’objectif à terme est que le consommateur soit plus focalisé sur l’origine que sur le prix, qui pourra être plus rémunérateur pour l’agriculteur.

« Écœurement sur l’accord avec le Mexique »

 A plus long terme, l’APCA souhaite « reconquérir notre souveraineté alimentaire et la relocalisation de la production ». C’est notamment le cas pour de nombreuses productions comme « les fruits et légumes, certaines protéines végétales, la viande ovine et bien d’autres », détaille Gilbert Guignand. Il faut « renforcer les utilisations de biocarburants pour les utilisations non routières, chauffage, batellerie, pour développer les coproduits (tourteaux) utilisable en alimentation animale », et « tendre vers la souveraineté en matière d’alimentation animale », indique le rapport de la chambre consulaire. Mais relocaliser l’alimentation et gagner en compétitivité supposent aussi que les règles soient les mêmes pour tous. Or les accords de libre-échange changent la donne. A ce titre, Sébastien Windsor ne comprend pas l’attitude de l’Union européenne et a fait part de « son écœurement sur l’accord avec le Mexique ». Mais, selon le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, celui-ci pourrait ne pas être ratifié par l’Europe.

Les deux rapports sont disponibles sur le site https://chambres-agriculture.fr/publications rubrique « Publications institutionnelles »