La FDSEA de l’Aube distribue actuellement aux employeurs de salariés agricoles les 85 000 masques commandés en avril. Et annonce la possibilité d’en commander de manière permanente.
Ils les attendaient avec impatience. Lundi 18 mai, Ludovic Franquet et son épouse Anne-Sophie, gérants de la SCEA du même nom, ont reçu 450 masques de type FFP1. Une aubaine pour l’exploitation de 275 hectares en polyculture qui emploie deux salariés à temps plein. « On en manquait, témoigne Anne-Sophie, j’ai même dû en coudre pour l’exploitation ».
« Il était difficile voire impossible d’en trouver chez nos distributeurs habituels, en rupture », atteste Ludovic Franquet. Alors quand l’agriculteur découvre l’annonce de la FDSEA de l’Aube, il n’hésite pas longtemps : « on savait qu’on allait en avoir besoin. On voulait anticiper la moisson, la saison de pommes de terre et permettre à nos salariés de travailler en toute sécurité. On avait déjà des visières, du gel, il nous fallait ces masques ». Si les récoltes ne démarreront pas tout de suite, l’entreprise sait qu’elle en aura besoin au début de l’été : « nos salariés vont sans doute devoir aller livrer dans les silos masqués. Le triage des pommes de terre à partir de mi-août demandera aussi des protections renforcées. Nous avons cinq trieurs côte-à-côte et des conducteurs de plateaux qui travaillent en proximité, le masque est indispensable », argumente Anne-Sophie Franquet. Ludovic Franquet salue la « super initiative de la FDSEA », qui propose ces masques à la vente aux agriculteurs employeurs, adhérents ou non au syndicat. Au total, 85 000 ont été commandés, dont 65 000 de type FFP1. Malgré un retard dans la réception – la structure attend toujours les masques FFP2 – la distribution a pu s’opérer juste à temps. « Il y avait un besoin urgent notamment des viticulteurs qui ont commencé le palissage », note Florent Roth, directeur de la FDSEA, unique syndicat patronal représentant les employeurs agricoles dans le département. Les masques ont été achetés par l’intermédiaire de l’Union Patronale de Romilly Nogent (UPREN) qui a centralisé la plupart des commandes des professionnels aubois ».
600 livraisons
L’organisation syndicale a donc retroussé les manches : membres du bureau, présidents de canton et même élus dans certains villages, une petite trentaine de personnes assure la livraison des 600 commandes depuis deux semaines. « Tout le monde s’y est mis, se félicite Joël Hospital, président de la FDSEA de l’Aube. On peut dire que le monde agricole a plutôt très bien anticipé. La profession on le sait, a toujours besoin de masques pour travailler. On est pourvoyeur d’emplois viticoles, légumiers, de secteurs qui nécessitent des bras. Quand on a vu la pénurie dans les hôpitaux on s’est dit qu’il fallait réagir et vite. » L’initiative départementale a aussi séduit la MSA. L’organisme mutualiste a tout de suite proposé son aide en finançant 15% du prix des masques, soit 12 000 euros. « C’était essentiel pour nous. Nous sommes très attentifs à la prévention des risques », rappelle Hubert Prot, administrateur de la MSA Sud Champagne. La distribution permet également à la FDSEA de rencontrer les agriculteurs du département. « C’est important d’aller sur le terrain, de prendre le temps de discuter, surtout qu’il y a une réelle inquiétude dans certaines d’exploitations sur la poursuite d’activité », atteste Joël Hospital.
Avec 450 masques, Ludovic Franquet sait qu’il n’aura pas assez pour tenir toute la récolte et protéger les 12 personnes qu’il emploie pendant l’été. Il peut être serein : la FDSEA a décidé de pérenniser les commandes de masques. Désormais, il sera possible d’en commander de manière raisonnable, via le site internet. Il devrait recevoir dans quelques jours, le reliquat de sa commande : les masques FFP2, que 400 autres entreprises agricoles ont également commandés.
© Emeline Durand
Des dons pour les soignants
L’opération lancée par la FDSEA a aussi permis de collecter 4 000 masques pour le personnel soignant, en lien avec le conseil de l’Ordre des Médecins de l’Aube. « On a proposé que pour chaque commande, les agriculteurs achètent quelques masques supplémentaires pour offrir aux soignants. Ils ont joué le jeu et je les en remercie », apprécie Joël Hospital. Les masques de type FFP2 doivent être redistribués au monde hospitalier, aux Ehpad du département et aux infirmières libérales notamment.