Depuis le début de l’épidémie du Covid-19, l’agriculture est au cœur de l’attention de tous et l’alimentation est redevenue un enjeu au centre des politiques publiques. Sept grandes organisations agricoles appellent à rebâtir la souveraineté alimentaire de la France.
« Nous sommes prêts à relever un défi à la fois démographique, économique et environnemental » affirment conjointement la FNSEA, les Jeunes agriculteurs, la Confédération Nationale de la Mutualité, la coopération et du Crédit Agricoles (CNMCCA), la Coopération agricole, la Fédération Nationale du Crédit Agricole (FNCA), Groupama assurances mutuelles, la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA). Un appel lancé le 5 mai, pour mettre en œuvre des politiques agricoles et agroalimentaires permettant l’accès à une alimentation, en quantité et qualité suffisantes pour toute la population.
« L’Histoire retiendra de la crise, indique la FNSEA, qu’elle fut un révélateur de la grande fragilité de nos sociétés face à l’aléa sanitaire, à la difficulté de bâtir une réponse internationale forte et concertée, et à une mondialisation ayant conduit à déléguer à des tiers la production de certains biens, même lorsqu’ils étaient de première nécessité. Le Président de la République en a tiré les enseignements en affirmant le besoin de ‘rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française. Ces propos nous confortent dans notre conviction que la souveraineté alimentaire est un enjeu stratégique et qu’elle doit être une priorité. Depuis le début de cette crise, nous avons prouvé que nous étions encore un grand pays fort de son agriculture ! La deuxième ligne de défense a tenu, mais à quel prix ! Certaines filières sont dévastées et d’autres très affectées par une crise sans précédent et qui n’est malheureusement pas encore terminée ». Au-delà des fragilités conjoncturelles engendrées par cette pandémie, les organisations agricoles pointent les fragilités structurelles « qu’il convient de corriger car elles menacent directement notre indépendance alimentaire, et donc notre souveraineté ». « Depuis 20 ans, rappellent-elles, la production agricole française stagne alors que la population a augmenté de 11% et que le nombre d’agriculteurs a baissé de près de 15% en 10 ans. » Pour ces acteurs, « le défi qui consiste à rebâtir une souveraineté alimentaire est enfin reconnu à sa juste valeur. Rebâtir la souveraineté alimentaire s’envisage selon les organisations, autour quatre axes de réponses (voir l’illustration ci-dessous).
Susciter des vocations
A travers ces axes, le monde agricole revient sur les grands enjeux : produire en France, d’abord et pour cela, susciter des vocations chez les jeunes en promouvant les métiers de l’agriculture, en offrant des perspectives à ceux qui s’installent en les accompagnant au mieux dans leurs projets et en renforçant leur autonomie décisionnelle. D’un point de vue économique, il est indispensable de conforter, structurer, développer et, lorsque cela est nécessaire, relocaliser nos filières de production. « Pour être indépendants, il nous faut aussi savoir rester compétitifs. Renforcer notre compétitivité, c’est avant tout donner à l’agriculture française la possibilité de répondre aux attentes de tous les consommateurs, de produire toutes les gammes et pour tous les moments de consommation ». L’indépendance passe aussi selon la FNSEA par une politique de prévention et de gestion des risques ambitieuse, face au dérèglement climatique notamment. Enfin, la souveraineté alimentaire doit être portée au niveau européen.
Pacte de confiance
Cette reconquête ne saurait se construire en dehors d’une logique de croissance durable. Le monde agricole propose de sceller avec les Français un « pacte de confiance » qui s’appuie sur l’engagement des acteurs des filières agricoles et alimentaires et des territoires de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique en conciliant activité économique et transition agroécologique. « Rebâtir une souveraineté alimentaire sera le chantier d’une génération, ajoute le collectif. Il ne sera possible que s’il s’inscrit dans une véritable démarche de solidarité.»