Christian Durlin, vice-président de la Commission environnement de la FNSEA fait un point sur la mise en place et le développement des nouveaux EPI.
L’utilisation des équipements de protection individuels (EPI) est destinée à diminuer l’exposition des opérateurs et travailleurs aux produits phytopharmaceutiques, afin de limiter l’impact sur leur santé. Une nouvelle génération d’équipements est en place depuis quelques semaines. Les anciennes n’étaient pas adaptées ?
Non, les anciens EPI, principalement la combinaison, n’étaient pas totalement adaptés à l’activité agricole. De nombreux utilisateurs, qu’ils soient exploitants ou salariés, ont pointé différents problèmes dans leur utilisation : pas assez confortables et ergonomiques, par assez respirants, parfois trop voyants ce qui ne manquait pas d’interroger le voisinage, etc. En somme, les anciens EPI étaient plus un suréquipement qu’une réelle tenue de travail. Il fallait donc trouver un vêtement qui tienne compte du quotidien des exploitants et des salariés, qui s’adapte à la morphologie de chacun. Nous avons donc, avec plusieurs structures du monde agricole, de toutes parts (FNSEA, JA, APCA, MSA, Coop, FNA, UIPP, Adivalor…) travaillé collectivement à une solution. Les nouveaux EPI sont aujourd’hui adaptés aux morphologies de chacun, hommes et femmes à l’activité de chacun quelle que soit sa spécialité.
Les campagnes de prévention que vous avez mises en œuvre sur le port de ces EPI portent-elles leurs fruits ? Sont-elles efficaces ?
Compte tenu de la crise sanitaire, nous avons dû échelonner nos campagnes d’information et de sensibilisation. Cependant, tous les échelons intermédiaires de notre réseau (coopération, négoce…) ont été mobilisés et ont pu s’approprier cette thématique. Le travail de diffusion de l’information et de sensibilisation se poursuit et, en bout de chaîne, les utilisateurs sont conscients que les EPI concourent à protéger leur santé.
Avez-vous des premiers retours d’expérience sur l’utilisation de ces nouveaux EPI ?
Oui. Ils sont très positifs. Les agriculteurs et salariés attendaient cette nouvelle génération d’EPI, car elle correspond à un réel besoin et est adaptée à l’activité agricole. Bien entendu, il reste encore quelques améliorations à apporter, ici et là, mais au regard du saut technologique qui a été réalisé pour confectionner ces EPI, les modifications à venir resteront marginales. Je précise que ces vêtements ont été conçus sur la base des normes en vigueur (Normes ISO 27065 et ISO 18889), en lien avec des industriels spécialisés, sous l’égide de la MSA, notre référent santé pour l’agriculture.
Ne sont-ils pas trop coûteux pour des exploitations qui, pour beaucoup, ont déjà du mal à équilibrer leurs comptes ?
Nous avons travaillé, avec les industriels, sur le coût du vêtement. Il faut compter environ 50/60 euros par combinaison. Cependant, cette dernière est réutilisable. Elle n’est plus jetable comme les suréquipements d’autrefois. La massification de ces EPI devrait permettre de réduire les coûts. Enfin la sensibilisation du milieu agricole aux problèmes phytosanitaires fait qu’une majorité d’utilisateurs mesure la nécessité d’effectuer ces achats, sachant qu’ils sont déjà équipés en gants et masques pour la préparation des bouillies. Je pense qu’une fois que nous aurons atteint un taux de 35-40 % d’EPI, la massification devrait s’accélérer. Notre objectif est d’atteindre 50 % d’ici cinq ans et 70 % en 2030.
Quels sont, selon vous, les futurs enjeux, à moyen terme, pour la protection phytosanitaire ?
Il faut porter l’effort sur la lecture des étiquettes. Les contenants comportent trop de sigles, de signes que les agriculteurs ne comprennent pas toujours. Il faut, je pense, simplifier et normaliser pour vulgariser l’information auprès des utilisateurs des produits phyto. De même, un effort doit être entrepris pour rendre les emballages plus pratiques. Pourquoi ne pas mettre en place un code couleur sur le bouchon pour ranger le produit dans telle ou telle catégorie ? Quand bien même les produits phytosanitaires de 2020 n’ont rien à voir avec ceux des années 80-90, le chantier phytosanitaire reste important. Le débat sur les zones de non-traitement (ZNT) nous oblige à travailler toujours plus sur le fond (formulation, techniques de pulvérisation notamment) et sur la forme (communication) pour rassurer tous les acteurs d’un bout à l’autre de la chaîne alimentaire.