Pour Eric Petit, président de la MSA Sud Champagne, le plus impactant reste à venir pour certaines familles. La Caisse devrait débloquer un fonds exceptionnel pour venir en aide aux familles et exploitants en grande difficulté.
Quel est votre ressenti sur l’impact de la crise pour les 7 500 exploitants adhérents ?
En tant que président d’OPA, je veux saluer l’implication de l’ensemble des collaborateurs qui gravitent autour de l’agriculture : coopératives, machinisme agricole… : aujourd’hui grâce à eux, l’agriculture peut fonctionner ce qui est quand même extraordinaire par rapport à d’autres secteurs qui sont à l’arrêt. Globalement, la logistique fonctionne et on devrait être capable de mener à bien le cycle de production. Malgré tout, il y a des problématiques, ici ou là, il y a des disparités : on s’aperçoit que le collectif marche très bien, que la relation clientèle est essentielle. Il y a des inquiétudes sur les filières ovines, le lait, les clubs équestres, où c’est dramatique, le tourisme vert ou encore la problématique de main-d’œuvre. La filière champagne, avec des exportations en berne, subit également de plein fouet la crise actuelle.
Vous avez mis en place rapidement le report et la modulation des cotisations sociales pour les exploitants agricoles. Avec quels résultats dans l’Aube et la Haute-Marne ?
Les exploitants dont les cotisations sont réglées par prélèvement automatique, ont vu leurs prélèvements suspendus au 31 mars. On ne sait pas pour l’instant si cette mesure pourra être reconduite le mois prochain. Pour ceux qui ont opté pour des appels fractionnés, le premier tiers a également été suspendu, sans majoration ni démarche particulière. Pour les entreprises, le paiement des cotisations sur salaires de mars et avril a été reporté. Nous avons invité les entreprises à continuer de payer s’ils le pouvaient. La MSA applique les mesures gouvernementales et s’adapte au jour le jour en fonction des annonces. Ce que l’on sait, c’est que globalement, ce qui devait être payé en 2020… devrait être payé en 2020. Dans les mois à venir, la précarité risque de s’accroître à cause d’une baisse des ressources des ménages : fin de contrat, chômage partiel, indemnités journalières pour maladie pour garder les enfants… L’amortisseur social en France va être très sollicité : pour qu’il fonctionne, il nous faut des recettes.
Vos services assurent-ils encore l’ensemble des versements de prestations sociales ?
Nos services continuent de fonctionner, à distance pour la plupart. On a assoupli le dispositif de versements de prestations sociales permettant le maintien des droits en prenant en compte la dernière situation connue lorsque les déclarations n’avaient pas été transmises en temps et en heure. Notre secteur Indemnités Journalières maladie est très sollicité aussi car beaucoup de salariés sont en arrêt de travail. L’accueil téléphonique est opérationnel mais doit être réservé aux situations urgentes. Nous incitons nos ressortissants à utiliser les services en ligne. Notre service action sociale est pleinement mobilisé, d’autant plus dans cette période : malgré le Covid, la vie continue et nos populations ont besoin d’un accompagnement humain et social, notamment pour les plus fragiles (personnes âgées isolées, aidants, périodes de deuil…).
Sur quels autres dispositifs ou mesures vos adhérents vont-ils pouvoir compter dans les jours à venir ?
Les caisses de MSA disposent d’un fonds d’action sociale pour accompagner sur dossier des familles dans le besoin. Chaque année en Sud Champagne, près de deux millions sont versés. Au vu du contexte, les aides extralégales individuelles avec notamment la mise en place d’un dispositif spécifique pour ceux dont la situation économique sera le plus difficile seront privilégiées. On versera également une participation aux services de remplacement à destination des épouses d’exploitants agricoles qui prennent des arrêts maladies pour garder leurs enfants pour compléter l’indemnisation de base. Nous avons aussi activé nos réseaux de délégués cantonaux, anciens et nouvellement élus. On les sensibilise au savoir-faire de la MSA pour qu’ils passent le message dans leur territoire et qu’ils nous fassent remonter les besoins, en lien avec nos partenaires comme l’Association des maires ruraux. Ce que l’on constate, c’est qu’il se créé dans les villages une solidarité, envers les personnes âgées mais aussi dans le travail : il y a plus d’entraide.
© PROPOS RECUEILLIS PAR EMELINE DURAND