Les gelées dans le colza couplées au contexte de baisse des prix remettent en cause l’avenir de toute une filière dans l’Aube.
S’il est encore trop tôt pour chiffrer les dégâts, les gelées dans le colza laisseront sans aucun doute des traces, à brève comme à plus longue échéance. Avec des températures négatives certes peu importantes de l’ordre de -3 degrés mais un ressenti en plaine de l’ordre de -8, -9 degrés à cause du vent, le Barrois a été sérieusement impacté. Plusieurs milliers d’hectares dans le sud de l’Aube et le Nord de la Marne ont subi de gros dégâts dans une culture déjà touchée par les larves de grosse altise qui « ont fait des portes d’entrée de froid », constate Olivier Despeyroux, secrétaire général adjoint de la FDSEA de l’Aube, administrateur FOP.
Baisse des surfaces
Les agriculteurs se retrouvent à devoir faire un choix cornélien : ne pas retourner le colza et espérer une récolte, certes moins qualitative, ou réimplanter une autre culture comme le pois de printemps, du tournesol et, dans des terres très superficielles dans le secteur du Barrois, de l’orge de printemps. A condition de pouvoir le faire, certaines cultures ne supportant pas le désherbage du colza. « Cela complique les choses, admet Olivier Despeyroux. La décision appartient à chacun : on n’est pas sûr que réimplanter permette de couvrir les charges du colza détruit et de la nouvelle culture». Plus compliqué à semer, d’autant plus dans des sols secs, le tournesol est en proie à une autre difficulté : celle de son approvisionnement, avec, en pareil contexte de crise, des ruptures sur certaines variétés.
Les inquiétudes sur le colza vis-à-vis des gelées, conjuguées à la baisse des prix, plombés par la chute des cours du pétrole, interrogent une fois de plus sur la pérennité du colza dans le département. Les agriculteurs doivent faire face à tous les problèmes sanitaires rencontrés ces dernières années sur cette culture, notamment par rapport aux insectes. Ils avaient déjà réduit leurs surfaces de colza avec des remplacements en pois de printemps, d’hiver et de tournesol pour sécuriser leurs revenus. « Malheureusement dans le Barrois, on n’a pas beaucoup d’autres cartes à jouer, déplore l’élu. Les surfaces vont bien sûr encore baisser l’an prochain ». Avec des répercutions sur toute la filière locale, notamment, l’usine de Saipol du Mériot, leader français du biocarburant et de la production d’huiles végétales. Olivier Despeyroux lui, a choisi de ne pas retourner ses 55 hectares de colza, « pour essayer de perdre le moins possible. »
© Emeline Durand