« Plus de robustesse sur la scène régionale »

« Se rapprocher de la Haute-Marne nous a aussi permis de revenir dans des territoires où on ne mettait plus les pieds comme Barrois et d’entendre que la Chambre d’agriculture de l’Aube se colorait de régions intermédiaires », admet Bertrand Chevalier. © CA10

Alors que les Chambres d’agriculture de l’Aube et de la Haute-Marne auront mutualisés d’ici la fin de l’année la totalité de leurs services, Bertrand Chevalier, directeur des deux structures, explique les forces de ce rapprochement.

Vous êtes depuis cet automne le directeur de deux Chambres d’agriculture : qu’est-ce que cela change concrètement ?

Le rapprochement ne s’est pas fait par hasard. Il existe entre les deux départements une complémentarité naturelle et d’autres organismes (CerFrance, MSA, Crédit Agricole) avaient déjà fait ce rapprochement. Certaines activités ont été mutualisées avec des équipes communes il y a trois ans. Aujourd’hui, 80% des activités le sont : en 2020, on aura mutualisé l’ensemble de nos services. Cela nous a permis de monter en compétences en interne avec des postes dédiés et d’enrichir les différentes prestations que l’on propose. Nous avons lancé un bureau d’études sur la méthanisation. On a aussi gagné en capacité de réactivité. La Chambre d’agriculture est une entreprise et elle est désormais perçue comme telle : sur les 6,5 millions d’euros de chiffres d’affaires, 42% viennent des prestations. Cette mutualisation nous a apporté de la robustesse : le regard de nos partenaires est tout à fait différent. Avant on était des artisans. Aujourd’hui, on est une entreprise avec une crédibilité.

Quels sont les bénéfices pour vos adhérents qui sont désormais des clients ?

Se rapprocher de la Haute-Marne nous a permis de revenir dans des territoires où on ne mettait plus les pieds comme Barrois et d’entendre que la Chambre d’agriculture de l’Aube se colorait de régions intermédiaires. A partir de ça, on a mis des dispositifs de type Oser en Barrois que l’on n’aurait pas fait sans la Haute-Marne. Et puis les agences pour moi c’est une façon d’aller au bout de notre logique : créer territorialement une PME Chambre comme c’est le cas à Bar-sur-Seine avec un portefeuille clients pour apporter de la proximité, de l’autonomie de la lisibilité. Aujourd’hui le client est polyculteur-éleveur, il est viti-céréalier. On a besoin de cette approche globale pour l’accompagner. Il y aura sept agences supplémentaires dans les deux départements cette année.

Rassembler les équipes, n’est-ce-pas aussi une force de frappe supplémentaire sur la scène régionale ?

C’était l’un des objectifs de ce rapprochement ; avoir une autre représentation au niveau du Grand Est, avec un pôle historique qui est l’Alsace. Les deux présidents Aube et Haute-Marne sont l’un à côté de l’autre et quand ils parlent ils le font d’une seule voix : il y a un niveau d’influence qui est en train de se fabriquer. Ce qui m’intéresse c’est d’expérimenter ici des choses qui pourront se transposer ailleurs. Ce rapprochement nous a aussi permis de réinvestir dans des organismes extérieurs que nous allons encore renforcer et de développer notre influence. Nous avons recruté l’an dernier une personne dédiée à l’animation politique. Je rêve d’un monde où la Chambre est un acteur économique.

Vous êtes également vice-président de Troyes Champagne Métropole. Quelle place peut aujourd’hui avoir l’agriculture auboise dans une agglomération troyenne qui concentre 83 communes ?

On retisse des liens avec la métropole parce qu’on ne se connaissait pas. On a créé un groupe agricole à Troyes Champagne Métropole (TCM), on a passé une convention avec eux, on travaille sur la question du traitement des boues, les circuits courts et la restauration collective, de l’énergie,  la conquête du foncier. On est en train de semer, avec en toile de fond la création de groupes agricoles pour créer de nouvelles thématiques en lien avec les communautés de communes. Une action au sein de TCM ne suffit pas avec des thèmes comme par exemple, la gestion de l’eau.

Propos recueillis par Emeline Durand