Alain Carré, président de la Confédération Générale des planteurs de Betteraves (CGB) de l’Aube, suivra particulièrement trois paramètres : le revenu des planteurs, la vitalité des marchés et le maintien des surfaces betteravières.
La profession souhaite une sortie de crise effective et rapide. Comment y parvenir ?
ll faut plusieurs ingrédients : des rendements hectare enfin à la hauteur de nos attentes et de notre travail et une rémunération betterave en nette amélioration, qui serait un juste reflet des marchés actuels. Depuis plusieurs semaines, ils atteignent des niveaux encourageants (430 €/T de sucre européen en spot et au-dessus de 60 €/hl pour l’alcool soit une conversion betterave de plus de 25€/T hors pulpes). Et enfin, des retours financiers de nos groupes coopératifs issus de leur compétitivité, ceci afin de retrouver une marge rémunératrice pour tous et en équation avec les frais engagés pour la conduite de la betterave. Les betteraviers ne pourront pas encore durablement supporter la continuité de cette crise et l’absence de rémunération suffisante, particulièrement dans les zones très pénalisées depuis plusieurs campagnes par des déficits de rendements importants. Il en va de l’avenir de la culture dans les assolements et pour certains, de la survie des exploitations agricoles.
L’année 2020 sera donc une année charnière : quelles sont les priorités ?
Les surfaces betteravières restent un enjeu majeur pour l’écrasement des charges fixes comme l’amélioration de la situation économique de nos outils industriels et donc d’une partie de la rémunération de nos apports. Il faudra veiller aussi à la continuité de la culture dans certaines exploitations en zones difficiles. D’un point de vue syndical, une nouvelle organisation régionale devrait voir le jour au cours de cette année, avec en toile de fond l’enjeu du financement de notre syndicalisme.
Qu’en est-il des emblavements 2020 ?
Le prix annoncé Cristal Union est un premier signe encourageant. Il faut bien le considérer comme un prix de base, au regard des cours actuels. Il faut aussi rappeler l’absence de règles de partage du prix et d’information sur sa constitution en fonction des marchés notamment, éléments pourtant propices à la confiance des planteurs, à la bonne gestion des exploitations agricoles et aux surfaces betteravières. Les groupes sucriers ont souvent mis en avant la fin des quotas et l’ouverture des marchés comme une opportunité, permettant ainsi la pleine expression de leur performance et de leur stratégie commerciale. Il est légitime d’en attendre le juste retour financier en lien direct avec l’embellie des cours actuels. Le contraire serait incompréhensible et servirait uniquement à améliorer la rentabilité des grands entreprises agroalimentaires acheteuses de sucre et aux sucres d’importation, au détriment des planteurs. D’autre part, la mise en œuvre par Tereos de mesures incitatives mais également de pénalisation en cas de non-respect des engagements, a suscité de nombreuses réactions. Les dirigeants nous ont assuré que les responsables de secteur seront les plus à même de juger de la mise en œuvre de ces règles dans chaque exploitation, en prenant en compte les situations individuelles, particulièrement la composante « diviseur rendement ». Evidemment, des annonces de prix plus favorables seraient facilitatrices et très bien accueillies.
Qu’attendez-vous des acteurs de la filière ?
Nous ne pouvons souhaiter que des relations constructives au sein de notre interprofession. Il en va de la crédibilité des uns et des autres dans un contexte où la reconquête de la confiance devrait être le maître mot. Et quoi de mieux qu’un contrat en bonne et due forme avec des messages de vérité sur le revenu à attendre, pour rassurer les planteurs et sécuriser l’approvisionnement de nos outils industriels ! Ce n’est pas, semble-t-il, la voie défendue actuellement par le syndicat national des fabricants de sucre SNFS, dont les membres sont : Cristal Union, Saint Louis Sucre, les sociétés Ouvré et Lesaffre. J’appelle les élus planteurs de Cristal Union, en tant que mandants et financeurs du SNFS, à mesurer la portée de tels choix.