La chambre consulaire a présenté un plan stratégique offensif dont le socle repose sur plusieurs axes : parmi eux, la prise en compte d’une agriculture au pluriel, sur fond de transition, environnementale et sociétale.
Lucide. Mais objective. La Chambre d’agriculture de l’Aube a dessiné les grands axes de sa politique stratégique déclinée dans son plan Cap 2025, lors de la session le 22 novembre. Face aux parlementaires aubois présents et aux élus, le message d’Alain Boulard, président élu cette année et qui se frottait à l’exercice pour la première fois, était très clair : « Nous sommes convaincus que l’agriculture est une solution pour le pays : une alimentation sécurisée et saine, une diversification énergétique, l’aménagement du territoire, la préservation des ressources naturelles, des emplois non délocalisables… L’agriculture et les agriculteurs sont des solutions pour la stratégie bas carbone que doit emprunter la région Grand Est. La diversité et la qualité des projets que nous accompagnons, du petit projet de développement d’alimentation locale à des projets de 800 à 1000 hectares en agriculture biologique, c’est nouveau et bouleversant. Les agriculteurs veulent montrer que dans l’agriculture auboise, ça pulse. Nous devons les accompagner».
Malaise grandissant
Pour engager les créations et la transformation des entreprises, les agriculteurs veulent du conseil de coaching, de la stratégie. « Il n’y a plus une seule agriculture, poursuit Alain Boulard. Il faut des accompagnements différenciés, sur mesure, précis et réactifs. » La chambre consulaire doit d’autant plus jouer son rôle de catalyseur dans un contexte clairement néfaste à la profession. « La société, illustrait le préfet présent pendant la réunion, ne s’adaptera pas spontanément à l’agriculture. Il vous faut être en mouvement, expliquer, communiquer, renouer le contact avec les citoyens ».
Dans un contexte contrasté et de difficultés cumulées (aléas climatiques, marchés défavorables, agribashing…), il est en effet plus que nécessaire d’agir. « Ces résultats provoquent des pertes de repère, des anxiétés, des cris de désespérance significatifs de ce mal-être paysan », a insisté Alain Boulard face au parterre parlementaire qui lui faisait face. « Les très faibles résultats de la loi Egalim, les prises de position sur le glyphosate créent un malaise social grandissant dans l’agriculture ».
Deux nouveaux dispositifs Oser La Chambre d’agriculture doit elle aussi se mobiliser, se remettre en cause. C’est tout l’enjeu du projet d’entreprise à l’horizon 2025, fruit d’un travail collectif avec ses partenaires historiques. Dans la continuité du dispositif Oser en Barrois, deux autres projets Oser en Craie et Oser Polyculture élevage verront le jour pour préserver et créer de la valeur dans les territoires. Dans un budget primitif 2020 maintenu malgré les difficultés financières, la Chambre d’agriculture se donne les moyens d’accompagner l’agriculture dans toutes ses transitions : environnementale, sociétale, énergétique, numérique… « L’enjeu est vertigineux, presque inaccessible de ce que nous allons devoir entreprendre et transmettre aux générations », prévient Alain Boulard.
Développer une approche globale, promouvoir la culture de l’herbe et la complémentarité des productions animales et végétales, tendre vers le zéro herbicide en viticulture, accompagner aussi l’innovation, en rendant accessible la donnée agricole… Voici quelques-unes des pistes à travailler, en proximité, selon le président, avec le territoire et ses acteurs. Les engagements, nombreux, doivent aussi tenir compte d’un objectif incontournable : réconcilier la société avec le monde agricole. Cinq années ne seront pas de trop.
© Emeline DURAND
Deux-en-un
Directeur de la Chambre d’agriculture de l’Aube depuis une quinzaine d’années, Bertrand Chevalier est désormais celui de la Chambre d’agriculture de la Haute-Marne, dont le président Marc Poulot était aussi présent le 22 novembre à Troyes. Une mutualisation et non une fusion selon Alain Boulard, dans un souci d’efficience et non d’économie, appuie Bertrand Chevalier : « si on voulait en faire, on baisserait la voilure. En créant deux postes supplémentaires, ce n’est clairement pas le cas. »