Vivescia : le jour d’après

Le groupe coopératif Vivescia vit des heures sombres. Avec 85,3 millions d’euros de pertes sur le dernier exercice comptable, il se restructure en profondeur sur fonds de suppressions de postes et de fermetures de silos et magasins.

Le plan de transformation de Vivescia se traduit par une nouvelle politique commerciale : livraison d’engrais et produits de santé végétale en direct et soutien du stockage à la ferme en font partie.

Il y aura un avant et un après 2019 pour le groupe coopératif Vivescia. La perte de 85,3 millions d’euros sur le dernier exercice comptable, et ce malgré des résultats satisfaisants pour la partie coopérative agricole (lire par ailleurs), les performances contrastées pour ses métiers de l’industrie (Vivescia Industries), avec des résultats fortement pénalisés par l’activité Boulangerie Viennoiserie Pâtisserie, accélèrent la restructuration en profondeur de la coopérative. « Vivescia, annonce Jean-Luc Jonet, directeur général de Vivescia Agriculture (la coopérative et ses filiales agricoles), se positionne dans un schéma de rupture avec des changements profonds. L’agriculteur connaît une baisse de ses revenus significative depuis cinq ans. Malheureusement ce n’est pas fini aux regards des orientations PAC : c’est un enjeu majeur que la coopérative se doit d’intégrer.» 

Stockage et livraison à la ferme

Depuis quatre ans, un plan de transformation est en cours de réflexion : il va se mettre en place cette année.  Un timing qui, selon Jean-Luc Jonet « n’a rien à voir avec les mauvais résultats enregistrés par le groupe », mais serait davantage lié au « contexte économique agricole fragilisé  en France, instable à l’international ». Vivescia s’apprête quoi qu’il en soit  à ouvrir un nouveau chapitre de son histoire. Avec une petite révolution pour les adhérents : «Notre objectif historique est de renvoyer de la valeur ajoutée à nos agriculteurs. Pour y parvenir, Vivescia doit repenser ses activités, son fonctionnement et réduire ses coûts. Nous allons, développe Jean-Luc Jonet, augmenter les rémunérations sur les stockages de céréales chez les agriculteurs, de 8 euros la tonne en stockage court, à 17 euros la tonne en stockage long ». Côté approvisionnement, le groupe souhaite inciter la livraison de produits – engrais, céréales, produits de santé végétale – directement dans les exploitations, notamment en big bag.

20 millions d’euros d’économie

Le but de cette nouvelle stratégie commerciale, formalisée dans un plan de performance logistique Grains et Intrants qui entre et pour trois ans dans une phase d’accélération, a un objectif  clair : réduire d’ici cinq ans les frais d’exploitation de 20%, soit 20 millions d’euros. La moitié sera générée par ces économies logistiques. L’autre pilier pour diminuer les coûts proviendra d’un changement historique lui aussi : la fermeture de sites. Plusieurs silos ont déjà fermé depuis 2017. Au total, 37 devraient disparaître d’ici 2022 (lire par ailleurs), ainsi que 127 magasins d’engrais et 56 de produits de santé végétale. Un changement de taille, « qui pourra provoquer une perte de repère profonde pour nos adhérents », reconnaît Jean- Luc Jonet. Pour sortir par le haut de cette situation, la coopérative mise sur un accompagnement poussé, « avec des rencontres dès 2020, pour aider chaque adhérent à trouver la solution qui lui conviendra le mieux ». Dans cette profonde mutation amorcée, et malgré une mauvaise année 2018-2019,  la stratégie de diversification du groupe n’est pas remise en cause : « on a investi dans les années soixante dans les activités de malterie et meulerie pur augmenter les revenus des agriculteurs. Il n’est pas question de revenir sur ces activités génératrice de valeurs», insiste Jean-Luc Jonet. L’assemblée générale du 11 décembre sera l’occasion pour Vivescia de présenter les grandes lignes  de sa stratégie pour 2025. Le groupe cherche des solutions, notamment en termes d’innovation et d’agronomie, pour continuer d’ à améliorer les performances économiques et environnementales des agriculteurs.

© Emeline Durand