Pas content, Michel Cornet, maire de Viviers-sur Artaut, dans le barséquanais. L’ancien exploitant agricole a pris un arrêté inédit dans le département, contre les zones de non-traitement. Il assume sa position.
Le gouvernement prévoit d’instaurer des zones de non traitement entre les habitations et les cultures agricoles et viticoles. Pourquoi avoir pris un arrêté municipal qui va à l’encontre de ce projet de loi dont la consultation publique s’est achevée début octobre?
Parce que je ne suis pas d‘accord. Je trouve que c’est une aberration ! Regardez notre village, il est enserré au milieu des vignes : elle est un acteur économique essentiel et 80% de la population vit de ce travail, de façon directe ou non. Et jusqu’à présent personne n’a jamais été malade. On a une dame qui va bientôt avoir 100 ans dans le village. Et pourtant les produits étaient bien plus toxiques avant. Les agriculteurs sont là pour nous faire vivre. Aujourd’hui les exploitants utilisent du matériel anti-dérive, des traitements localisés, ils font plus attention que jamais. Cela ne provoque aucun désagrément de la part des riverains. Partout autour de nous, il y a des vignes. Que va-t-il se passer si on arrache la vigne ?
Votre position, c’est aussi un moyen de montrer votre soutien à une profession dénigrée ces derniers temps ?
Cet arrêté, je l’ai pris en concertation avec le conseil municipal, contre les obligations auxquelles les agriculteurs ont à faire face, et oui, aussi pour les soutenir. Aucune zone de non-traitement ne sera mise en place sur le territoire de la commune de Viviers-sur-Artaut. Je veux redire que les agriculteurs sont des gens responsables qui travaillent avec la nature. Ils ne sont pas là pour semer la mort ou détruire. On l’aime cette nature, on est un village avec trois fleurs, on reçoit des touristes qui apprécient ce cadre de vie. On sait en prendre soin. On le sait qu’il faut respecter la nature, on travaille avec depuis 50 ans : vous croyez que les agriculteurs ne la respectent pas ?
Vous avez conscience que cet arrêté risque d’être annulé par la préfecture ?
On verra bien. Je n’ai pour le moment reçu aucun appel en ce sens. Et j’invite d’ailleurs les maires voisins qui le veulent à en faire autant. Ce serait bien. Par cet arrêté, je veux marquer ma désapprobation face à cette décision qui n’a aucun sens. Je suis en colère contre tout ça. Les gens sont allés construire des maisons en bordure de champs, maintenant il faut reculer les champs ? Ces gens veulent vivre à la campagne mais sans entendre le coq, le chant des oiseaux… Je suis en guerre contre cette bêtise humaine. »
Propos recueillis par Emeline Durand
Retrouvez dans le journal, la position de Joël Hospital, président de la FDSEA, suite à cette décision.