Réchauffement climatique : quelles conséquences dans le Chaourçois

Élevage. L’élevage bovin laitier est confronté au changement climatique. Quelles en seront les conséquences sur les cultures fourragères et sur l’alimentation des animaux ? Comment s’adapter à ces évolutions ?

L’augmentation des températures n’aura pas que des effets négatifs, l’une de ses conséquences peut être une mise à l’herbe plus précoce. © Jean-Louis Deck

Le cinquième rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) établit que le changement climatique est dorénavant sans équivoque. Il convient donc d’anticiper les changements et de proposer des pistes d’adaptation. Dans l’Aube, et plus précisément dans le Chaourçois, l’Institut de l’Élevage – en partenariat avec la fromagerie Lincet et la coopérative Alysé – a récemment mené une étude sur l’adaptation des élevages laitiers au changement climatique.

Dans le Chaourçois, la température moyenne devrait augmenter de 1°C dès 2030 et de près de 5°C à la fin du siècle selon les simulations réalisées. Mais l’effet du changement climatique est globalement positif, notamment grâce à l’effet CO2, à l’augmentation des températures et à la profondeur des sols qui limite les impacts d’un éventuel déficit hydrique en été. Cependant, la variabilité des rendements reste importante et les conditions d’accès à la ressource. En effet, la forte proportion de sols hydromorphes dans la surface en herbe posera problème les années à printemps pluvieux.

Les vertus des systèmes à ressources diversifiées

Les aléas testés (printemps pluvieux suivi d’une sécheresse estivale importante encore jamais rencontrée) ont affecté l’élevage étudié. Cependant, les systèmes laitiers de la région disposent d’une sole en céréales conséquente ce qui offre de nombreuses possibilités d’adaptation à court et long terme : dérobées, méteils, ensilage de céréales immatures, maïs, …

Modification des pratiques de valorisation de l’herbe

La période de production des prairies sera plus longue (mise à l’herbe plus précoce et fin de pâturage plus tardive) mais avec de fortes fluctuations. La valorisation des prairies passera nécessairement par des modifications de pratiques de façon à valoriser l’herbe lorsqu’elle sera disponible, notamment en fin de saison (fauche tardive, pâturage d’automne, …). Ceci implique une forte réactivité des éleveurs et des structures de conseil pour adapter la conduite de l’herbe à la dynamique de pousse. Le choix des espèces et des mélanges devient un levier important pour augmenter l’autonomie protéique et pour étaler la production dans la saison.

Les vaches vont souffrir

Les vaches laitières souffriront de plus en plus souvent du stress thermique. Différents leviers devront être mobilisés (adaptation des bâtiments, changement de race, croisements, …).

Les leviers évoqués par les éleveurs de la zone qui ont participé à l’étude

  • « une capacité de stockage de fourrages pour un stock de sécurité de 6 mois à 1 an d’avance »
  • « la possibilité de pouvoir stocker de l’eau pour irriguer en année sèche »
  • « des vaches plus rustiques qui valoriseraient mieux la ressource de herbe »
  • « des mélanges de céréales-protéagineux immatures suivis d’un sorgho pour sécuriser le système fourrager »
  • « le recours plus facile aux coproduits qui nécessiterait de revoir le cahier des charges de l’AOP Chaource »

L’intégralité de l’étude est à retrouver sur le site de d’Alysé www.alyse-elevage.fr