« Il a fallu attendre 5 ans et subir d’importantes inondations gérées unilatéralement pour que les pouvoirs publics considèrent que la gestion du risque se fasse désormais en étroite concertation avec la profession agricole et tous les gestionnaires d’ouvrages. Tous les responsables des pouvoirs publics tant au niveau des ministères, des préfectures, des mairies, des DDT sont appelés à travailler avec la profession agricole afin d’élaborer des solutions pragmatiques, qui prennent en compte la fragilité économique des exploitations et l’urgence à réagir vite. Les agriculteurs sont prêts à continuer d’assumer leur rôle en matière de protection des biens et des personnes, qu’ils considèrent comme un service rendu à la Nation, mais exigent en contrepartie une juste rétribution de leur service.
Il faut bien se rendre compte que l’ampleur des dégâts et donc des frais qu’auraient eu à débourser les assurances et les pouvoirs publics, s’il n’y avait pas eu de zone d’extension de crue dans les champs, aurait été considérablement plus élevée. Et pourtant nous ne sommes pas indemnisés !
Notre cause est un cas de vide juridique, un fonctionnement non prévu de l’utilisation d’ouvrages construits successivement depuis 70 ans avec chacun son règlement d’eau. Autrement dit, un dysfonctionnement. Comment des organismes de gestion différents et relativement indépendants l’un de l’autre, bien que sous les mêmes coupoles administratives et exécutives centralisées au préfet coordonnateur de bassin, peuvent-ils coopérer s’ils n’ont ni l’obligation pour cela, ni les mêmes objectifs? Nous agriculteurs pouvons coopérer avec les uns ou les autres séparément, mais l’effet est bien moindre en efficacité de réponse terrain que si nous pouvions participer à une collaboration déjà effective et active entre les VNF et les EPTB.
Enfin, sur tous les fronts et avec chacun des interlocuteurs que la FDSEA rencontre, deux objectifs coexistent : obtenir une indemnisation pour les agriculteurs en raison des dommages subis à cause de la crue de 2018, et à moyen terme, la mise en place d’une politique de gestion des inondations, pour éviter que de telles sur-inondations se reproduisent sans concertation avec les agriculteurs ; et si c’était à nouveau le cas, d’avoir la garantie des pouvoirs publics que les efforts consentis par la profession agricole seront bel et bien compensés financièrement. »
Joël HOSPITAL, président de la FDSEA de l’Aube