Jeune agriculteur installé depuis l’an dernier à Ruvigny, Corentin Bonnevie est chasseur depuis ses 16 ans. Aujourd’hui il conduit son exploitation en engageant des actions au bénéfice de la biodiversité et de la petit faune de plaine. Cela l’amène à bâtir un projet de réhabilitation d’une zone humide avec la Fédération des Chasseurs de l’Aube.
Pragmatique, la tête bien sur les épaules, la volonté de conjuguer le mieux possible ses deux passions pour son métier et la chasse dans la conduite de l’exploitation agricole sur laquelle il s’est installé en juin 2017 : Corentin Bonnevie ne manque pas de projets pour concrétiser son objectif. Son exploitation, issue de son grand-père, compte environ 190ha : 160 ha à Ruvigny et 30ha à Bourguignon (faits à façon en raison de son éloignement). Elle présente l’avantage de compter un ilot conséquent au pied de la ferme de plus de 90 ha. Il lui offre une perspective qui l’enthousiasme : une belle occasion de faire les aménagements qu’il souhaite.
Des prises de conscience à stimuler
Des aménagements, mais pas seulement ! Car ce sont de fortes convictions qui animent son engagement : « Dès l’âge de sept ans et demi, j’ai accompagné mon grand-père à la chasse aux bois, et chaque ouverture de la chasse était toujours un moment très attendu. A 15 ans j’ai passé mon permis de chasser que j’ai validé l’année suivante. Ensuite, la chasse a été une occasion privilégiée de retrouver des copains et de partager des moments conviviaux ensemble. Ainsi les terres sont mises gracieusement à la disposition de la société de chasse locale mais je les réserve deux jours pour chasser avec mes amis. Cependant je suis surtout chasseur de gros gibier et j’ai trois chiens pour traquer. Avant de reprendre l’exploitation, j’ai déjà mis en œuvre quelques aménagements : entretien de haies, création de bandes de maïs pour la petite faune, installation d’agrainoirs, etc. Je suis au pied de la ville et j’ai envie de montrer aux gens que la chasse c’est bien plus que tirer des animaux : c’est tout un écosystème dans lequel on s’investit pour participer à un biotope favorable au développement de la biodiversité et de la petite faune. Je souhaite qu’ils prennent conscience que sans la régulation d’espèces tel le renard, ce sont leurs jardins qui pourraient devenir des zones à risque pour être contaminés par l’échinococcose ou d’autres problèmes sanitaires. Lorsque je fais mes semis d’orge de printemps quand il gèle je vois régulièrement des renards tout proches du village, qui viennent sans doute d’en sortir. Il m’arrive aussi de voir des carcasses de chats dans les passées de renards. Des prises de conscience doivent aussi mobiliser les chasseurs. Je dis à ceux qui ne veulent pas voir de citadins sur les chemins ou dans les bois, qu’il faut dialoguer et expliquer. De même je les incite à s’impliquer d’avantage dans la gestion de leur territoire. Celui de Ruvigny s’étend sur 400ha, compte une quinzaine de chasseurs et il fait partie d’un GIC lièvres. Il est privilégié en raison de la diversité de ses espaces qui participe à une bonne densité de lièvres. Mais cette situation reste fragile face à des aléas climatiques plus fréquents. Et puis leur préservation voire leur valorisation ne passe pas par le laisser-faire. Je fais partie d’une jeune génération de chasseurs, qui est amoureuse de la nature, qui est soucieuse de ses équilibres et qui s’investit pour les préserver ». ©F.NOEL